L'homme de Dieu aux traits bien humains.
Une rencontre insolite nous fait découvrir le prophète Elie sous des traits inattendus...
Elie, l'homme de Dieu aux traits bien humains.
Le prophète Elie est un personnage qui fait grande impres- sion. L’image de la confrontation redoutable sur le mont Carmel entre le prophète de YHWH (‘Elie’ veut dire : YHWH est mon Dieu) et les prêtres de Baal au service de la cruelle Jézabel, reste gravée dans nos mémoires. Son appel résonne encore aujourd’hui : « Jusqu'à quand clocherez-vous des deux côtés? Si l'Eternel est Dieu, allez après lui; si c'est Baal, allez après lui! »
Tout en gardant notre admiration pour cet homme de Dieu, il est pourtant intéressant de relever ses côtés bien humains…
On peut d’emblée souligner que c’est lui qui semble prendre l’initiative d’annoncer une sécheresse qui fera souffrir surtout ceux qui n’avaient que peu de ressources (la veuve de Sarepta - 1 Rois 17.8 ss)
On peut faire remarquer que Dieu lui demande
On peut faire remarquer que Dieu lui demande
Note pour ceux qui seraient tentés d’imiter Elie:
Après avoir vu Moïse et Elie sur le mont Tabor, lors de la transfigura- tion de Jésus, Jean et Jacques veulent faire descendre le feu du ciel (comme Elie) pour consumer les Samaritains qui refusent d’accueillir Jésus.
Jésus les réprimande sérieusement.
D’ailleurs, dans le récit qui raconte la rencontre d’Elie avec Dieu sur le mont Horeb, il est dit que YHWH n’était pas dans le feu… (1 R1911-13)
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simplement d’aller annoncer à Achab que la pluie reviendra (1 Rois 18.1). En plus de cela, Elie semble prendre l'initiative d'organiser un concours entre les dieux et un carnage sanglant (1 Rois 18.40).
On peut s’étonner de sa fuite, totalement démoralisé et découragé au point même de demander la mort (début du chapitre 19). Simple chute d’adrénaline après l’excitation de la confrontation et du carnage ? Ou prise de conscience après coup que dans son ardeur il a peut-être dépassé les bornes ? Qui le dira…
Penchons-nous surtout sur quel- ques détails ré- vélés par une rencontre insolite entre Elie et un certain Abdias…
Mais où donc est Elie,
le Tishbite ?
le Tishbite ?
Le texte de 1 Rois 17 précise qu’Elie est un ‘Tishbite’. Une des pistes étymologiques fait dériver le nom ‘Tishbite’ du verbe YASHAB qui veut dire ‘rester (sur place), demeurer, s’asseoir’.
Nourri par des corbeaux ?
La mention des corbeaux qui apportent du pain et de la viande (1 R 17.4-6) peut faire froncer les sourcils... Des corbeaux sont des oiseaux saprophages et donc hautement impurs !
Le mot corbeau, OREB en hébreu, vient du verbe ARAB. Suivant les voyelles que l’ont ajoute, on obtient le mot ‘corbeau’ ou ‘Arabe’. Un document a été retrouvé avec la première mention de clans ‘Arabes’ au 9ème siècle avant notre ère (= époque d’Elie). Ils vivaient dans le péninsule Arabe et le désert de Syrie (= région où Elie s’était réfugié).
L’objectif de cette note n’est pas d’affirmer qu’Elie n’a pas été nourri par des corbeaux. Certains n’hésiteraient pas à nous accuser de vouloir anéantir le message biblique.
D’un autre côté…
Quel ‘miracle’ est le plus beau, le plus significatif et le plus interpellant, aussi pour nous :
* Que Dieu claque des doigts et que les corbeaux lui obéissent (cela ne semble malheureusement plus marcher de nos jours où des milliers de gens meurent de faim) ?* Ou que des gens, considérés comme des ennemis d’Israël, soient poussés à lui venir en aide ?
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Chose étrange, le récit continue en ra- contant comment Elie, au lieu de rester avec son peuple, part pour se cacher de l’autre côté du Jourdain.
Et alors ?
Et bien, un autre personnage dans le récit attire notre attention sur cette ‘fuite’.
Un certain Abdias, serviteur d’Achab, mais appelé aussi ‘serviteur de YHWH’ (1 Rois 18) a reçu l’ordre urgent de chercher Elie pour l’amener devant le roi. Lorsqu’enfin les deux hommes se rencontrent, Elie lui dit d’aller annoncer à Achab qu’il l'a trouvé.
La réaction d’Abdias est étonnante. Il devrait être heureux, car il réussit là où tous les autres serviteurs d’Achab ont échoué. Et pourtant il répond : « Quel péché ai-je commis, pour que tu livres ton serviteur entre les mains d'Achab, qui me fera mourir ? L'Eternel est vivant ! Il n'est ni nation ni royaume où mon maître n'ait envoyé te chercher; et quand on disait que tu n'y étais pas, il faisait jurer le royaume et la nation que l'on ne t'avait pas trouvé. Et maintenant tu dis: Va, dis à ton maître: Voici Elie! Puis, lorsque je t'aurai quitté l'esprit de l'Eternel te transportera je ne sais où; et j'irai informer Achab, qui ne te trouvera pas, et qui me tuera. » (18.9-12)
En deux mots: Abdias exprime sa peur qu’Elie le Tishbite, ‘celui qui reste (sur place)’ disparaisse une nouvelle fois… Il a peur qu’Elie ne soit pas vraiment un Tishbite (celui qui reste), mais un fuyard !
Voilà quelques versets bien ironiques, qui reçoivent encore plus de relief quand on continue la lecture !
Je suis le seul !
En lisant les récits sur Elie, on est frappé par une affirmation qu'il répète plusieurs fois : Je suis resté le seul ! (18.22 ; 19.10,14)
Comment ça ? Abdias ne comptait-il donc pas ?
Oui mais lui était resté à la cour d’Achab et de Jézabel. Alors il ne pouvait pas être un bon (lisez : fidèle) car il avait certainement dû faire des compromis !
N’empêche que cela lui a permis de sauver 100 prophètes (tiens tiens… il y avait donc encore des prophètes en plus d'Elie…). Il les avait cachés dans des grottes et pendant qu’Elie recevait du pain et de la viande par les corbeaux (voir encadré), Abdias se coupait en 4 pour donner du pain à ces prophètes, au risque de sa vie !
Remarquez également l’insistance (par l’auteur du livre et par Abdias) sur le fait qu’Abdias est un authentique serviteur de YHWH (17.4, 12) ! On dirait qu’Abdias doit lutter contre des préjugés…
Lorsqu’Elie, dans son face à face avec Dieu à Horeb (19.10,14), répète sa lamentation d’être seul, Dieu répond qu’il y a encore 7000 autres personnes qui n'ont pas plié le genou devant Baal (1 Rois 19.18) !
A méditer...
Sans vouloir moraliser, avouez que le récit contient quelques interpellations.
Sans vouloir moraliser, avouez que le récit contient quelques interpellations.
Il y a le danger de se croire le seul, l’unique, le meilleur.
Il y a le risque de ne pas reconnaître d’autres serviteurs de Dieu. Ce n’est pas parce que quelqu’un sert Dieu d’une autre façon, que c’est un ‘mauvais serviteur’ pour autant !
Abdias semble avoir des difficultés à se faire accepter comme authentique serviteur de Dieu. Pourtant s’adapter à une situation présente difficile n’est pas forcément faire preuve de lâcheté ou de compromission !
Et puis finalement : l’enthousiasme est beau… aussi longtemps que cela ne devienne pas un feu dévorant.
Encouragement
1 Rois 19 raconte comment Elie s’enfuit vers Beer-Sheba, ville à la frontière sud du pays, au bord du désert Néguev. Dieu lui demande de pousser plus loin pendant 40 jours (!) jusqu’à Horeb, montagne de Dieu dans le Sinaï. Un véritable ‘retour aux sources’.
Voilà ce qui peut être drôlement bénéfique !
Reactions
Bini Béatrice
j'ai laissé une réaction dans la case réaction mais je ne sais pas si tu reçois le texte quand il n'est pas fait dans "laisser un commentaire" bonne semaine amitié Béatrice
Bini Béatrice
bonjours johan, me voila de nouveaux en train de me poser un certains nombres de questions ! voulant utiliser cette réflexion pour apporter une nouvelle façon d'aborder la vie d'Elie j'ai voulu relire l'interprétation d'EGW et bien entendu et j'ai constaté une fois de plus que la théologie adventiste se calle sur ses enseignements, sur son interpretation des textes. Afin d'éviter de tomber dans un raisonnement de noir ou blanc c'est a dire de dire EGW est un faux prophète ou c'est un vrai je me suis demandé si pour Dieu l'important c'est que ses enfants, (ceux qui aspirent profondément à un autre système et essaye de vivre un peu avec un autre état d'esprit)trouve dans la conception qu'ils se font de lui la force, le courage de vivre à contre courant. Si la vision d'un Dieu magique, tout puissant, justicier, obligeant les hommes à revoir leur position par des "épreuves" les aide après tout pourquoi pas. Dieu compose avec les hommes en permanence et son humilité fait qu'il ne s'attache absolument pas à sa vérité. au fond quel que soit le ressort ce qui compte c'est que les hommes changent de mentalité et en constate les bienfaits. On voit aussi à travers l'exemple d'EGW qu'un prophète est profondément influencé par son époque, par les concepts de son époque de même que les traducteurs de la bible. C'est normal et même indispensable si Dieu veut que leurs messages soient audibles pour leurs contemporains. C'est pour cela que je ne peux m'empécher de penser qu'il nous faut trouver une autre image de Dieu pour être audible à nos contemporains et particulièrement à nos étudiants. Ton site en fait parti et j'espère que d'autres voies, le corps pastorals en entiers va réviser ses positions sinon notre église va mourrir, avec des conceptions du xxi siècles les hommes ne peuvent plus se convertir, ne peuvent plus adhérer à un système religieux qui il faut le dire n'a pas fait ses preuves dans sa globalité. Maintenant mon chalenge c'est de parler d'Elie et de notre Dieu sans trop déstabilisé mes amis car sinon de toute façon je ne serais même pas écouté. pas simple d'avoir cette sagesse qui compose sans traïr !