Le premier verset du livre du prophète Zacharie situe son message en 520 avant notre ère. Quelque 70 ans plus tôt, la ville de Jérusalem avait été entièrement détruite par les Babyloniens sous Nébucadnetsar. Même le temple avait été anéanti ! Pour le peuple d’Israël, c’était la fin du monde.

 

70 ans après cet épisode, Babylone a disparu de la scène. Cyrus, le Perse, ouvre toute grande la porte vers l’avenir. On peut rêver d’un retour à Jérusalem et d’une restauration. Une nouvelle ère se pointe à l’horizon, un temps messianique.

 

Zacharie aussi en rêve…

 

"Je levai les yeux, et je regardai; et voici un homme, et dans sa main un cordeau à mesurer. Et je dis :  Où vas-tu ? Et il me dit : Je vais pour mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur. 

Et voici, l'ange qui parlait avec moi sortit, et un autre ange sortit à sa rencontre, et lui dit: Cours, parle à ce jeune homme, disant, Jérusalem sera habitée comme les villes ouvertes, à cause de la multitude des hommes et du bétail qui seront au milieu d'elle.

Le prophète rêve d’une Jérusalem rebâtie. L’air frémit d’espé-rance.

Des projets sont faits. On mesure pour voir où reconstruire les murs. Car entendons-nous bien, il faut des murs, non ? Il faut déterminer les limites, les frontières. Il y a ‘nous’ et puis il y a ‘eux’. Il faut se protéger, il faut affirmer son identité et préserver son territoire. Il faudra aussi passer les gens au crible pour voir qui peut habiter dans cette sainte ville… Donc il faut construire des murs…

Un discours bien familier, ne trouvez-vous pas ?

 

Stop!  Et si on s'y prenait autrement?

Et c’est là qu’une voix se fait entendre: stop !

Pourquoi Jérusalem ne serait-elle pas une ville ouverte ?

Ah quelle belle expression : une ville ouverte !

 

MOI, je serai la muraille, dit l’Eternel. Cela trouve un écho dans l’Apocalypse (21.22,23 : il n’y aura plus de temple, car le Seigneur Dieu est son temple. Plus besoin du soleil pour briller, car la gloire de Dieu éclaire…)

C’est Dieu lui-même qui veut être au centre de la vie de son peuple, c’est Dieu qui veut être le cadre de référence…  Et cela dépasse largement tout ce qui souvent nous préoccupe tant et qui malheureu-sement dresse tant de murs et de séparations (des traditions, des rites, des doctrines…).

 

Le texte de l’Apocalypse est généralement compris comme une description de la situation « à la fin des temps ». Et donc cela ne nous interpelle pas trop ici et maintenant. A tort, car la déclaration dans le livre de Zacharie qui a manifestement inspiré l'auteur de l'Apocalypse concerne bel et bien les temps de la restauration après l’exil Babylonien, le "ici et maintenant" des gens de l'époque.

 

Le Dieu de la bible est un Dieu qui rêve et qui continue à rêver de restauration. Et il rêve grand ! Alors, pourquoi ne rêverions-nous pas grand nous aussi ? Plus loin que le bout de notre nez et les murs de nos églises…